Friday, May 16, 2008

LES MOTS DE NOS MAUX

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Ce n'est qu'un vers pour bien m'ouvrir au monde libre:
Vous savez, l'horizon, jamais je ne le vois.
Des pleurs de mon peuple, toute mon âme vibre.
Car la justice, ici, n'est pas en équilibre.
Et nous savons avec quels maux riment leurs lois!

En ces moments où j'ai perdu toute ma force,
Je ne peux pas chanter l'hymne à la liberté*.
Toute protestation est pour l'Etat l'amorce
D'une bombe des lois pour brûler notre écorce:
C'est du sort des pauvres qu'ils tirent leur fierté!

Ils disent que la paix viendra après la guerre,
Mais après, nous pleurons en recoltant nos morts,
Tout ce sang innocent qui plaide contre terre
Où l'on sème la mort pour cueillir la misère:
C'est pourquoi dans leur paix, nous n'avons point de port!

Tous les mensonges que, pour nous sortir du gouffre,
Ils disent font de nous ces pauvres bataillons
Qui crèvent plus de faim au front - destin de caffre!-
Que des tirs ennemis! Dites pourquoi on souffre,
Vous qui jouissez de voir votre peuple en haillons?

Notre malheur? C'est qu'on croit tout ce que vous dites
En sachant bien que de ces mots viennent nos maux!
Car, par des tours qui du faux masquent les limites,
Vous parlez d'une telle verve qu'à la suite,
On espère que la chair repousse sur nos os....

Et lorqu'enfin tombent les lueurs vespérales,
Nulle étoile n'orne la nuit dans les ciels bleus:
Vos discours, pour calmer nos furies cérébrales,
Sont trop impurs devant les mânes ancestrales
Qui protègent nos fils de vos mots odieux!


Justin Jules S.
Paris, 29 avril 2001
Rue de l'Ourcq 75019.
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*La Marseillaise.

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