Tuesday, June 03, 2008

L’âme poétique…

...
Au soir, l’astre du jour décline à l’horizon.
Et l’ombre recouvre l’enclos de ma cellule.
Les chocs bruyants des fers, réveillant ma raison,
Libèrent mon cœur qui, comme une libellule,
Court au-delà des quatre murs de ma prison,
Dans l’espace noir, vide où l’inconnu l’invite,
L’appelle à la découverte de l’insolite,
A contempler l’immense toile de velours
Bleue nuit où, rayonnants, des boutons d’ors scintillent.
Mon âme s’embarque sans peine et sans détours
Dans la voie lactée, mue par l’esprit, ma béquille.
Toute la constellation, bien fière d’avoir
Parmi les fils de dieux un humain plein d’espoir,
Se prosterne à mes pieds comme un roi qu’on accueille.

Dans ce trou énorme et parfait qu’est l’univers,
Seul, le cœur du poète interprète les chiffres
Dans des valeurs d’esprit qu’il chante dans ses vers.
Aux mathématiques, il préfère le fifre.
Dans le trait lumineux d’une étoile filante,
Il voit en ces jours noirs une grosse balafre
Sur cette génération toute chancelante.
L’immense perfection de l’infini cosmos
Où n’est toute valeur qu’un terme ridicule,
L’espace vide, instable où plane l’albatros,
La mer vaste où vogue la nef minuscule,
Dans cette quintessence où chose est molécule,
L’esprit du poète, scrutant tout l’univers,
Trouve force matière et nous en fait des vers.

Tard dans la nuit claire, lune au réveil des ombres
Qui bercent cœurs, âmes d’espoirs et de joies sombres,
Les pieds bien à terre, bien ancrés dans son sol,
Nourri des maux présents et des rêves antiques
Pour la vie qui sombre dans ces brumes ludiques,
La tête dans les nues, l’aigle poursuit son vol
Pour sortir l’homme un jour de ce maudit schéol.
A l’aurore, le ciel vidé de sa magie,
L’astre du jour doucement pointe à l’horizon.
Fasciné dans la nuit par tant de poésie,
L’humble ver clôt ses yeux et reprend ses raisons
Pour transcrire son aventure en élégie.
Pour les esprits scientifiques du nouveau temps,
Le poète est un geai qui nous charme en chantant.

Mais il est dans ce bas monde une gent mythique,
Une force d’esprit que la science pratique
Ne peut emprisonner : c’est l’âme poétique.
Même prisonnière dans cette froide crique,
Son rêve : c'est sortir l'être humain de ce cirque,
Lui offrir par des mots bien simples mais magiques
Force et foi pour dompter un beau jour le physique.

Justin Jules S.
Mercredi 10 mai 2000.
Pendant une promenade au Parc de la Villette

Paris 19ème.

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